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La Barbe à Pleyel

La Barbe à Pleyel et autres rendez-vous inclut une chronique d’un hiver du groupe d’action féministe La Barbe par l’une de ses activistes. Le mode d’action de ces activistes consiste à s’affubler de barbes postiches pour faire irruption dans des tribunes où parlent principalement des hommes – des dirigeants qui accaparent les pouvoirs économique, artistique, politique, universitaire, médiatique… Eux qui ont un goût si vif pour les distinctions et pour l’élite, elles les félicitent ironiquement de ce qu’ils savent si bien rester entre hommes pour monopoliser le pouvoir et la parole publique. D’autres rendez-vous sont relatés dans ce recueil. Art contemporain, musique, théâtre, cinéma : dans ces six chapitres, des femmes témoignent de « l’apartheid sexuel culturel ». « Il est temps d’advenir, d’enjamber la saison où les hommes ont bénéficié d’un crédit historique. (…) Les femmes artistes en France sont amenées à créer leurs propres moyens de production (…), elles sont presque exclues des choix des comités, et partant des budgets, de la diffusion, des prix et des palmes. » La France révèle ici un paysage de femmes artistes en auto production. Et devant « l’occupation masculine », des femmes de toute profession prennent la barbe. Ainsi voit-on une escouade rieuse de femmes – dont une médecin, une sciences-po, une compositrice et une maman spectatrice habituée des concerts pédagogiques – s’en aller porter la barbe salle Pleyel, éclat de rire à un monde où parmi la centaine de chefs d’orchestre invités en une année, ne figurent que trois femmes : Laurence Equilbey, Claire Gibault et Nathalie Stutzmann. La Barbe à Pleyel et autres rendez-vous est une édition des chapitres 9, 11, 15, 16, 18 et 19 de Un sanglier dans le salon, recueil de causeries et débats. En général, ce qui fait l’intérêt d’un roman, c’est qu’il y a un personnage qui vit quelque chose qui le transforme : il n’est plus le même à la fin qu’au début. Dans Un sanglier dans le salon, l’auteur se propose de croquer une série de causeries et débats ; chemin faisant, elle s’aperçoit que « ça manque de filles », que c’est le plus souvent un homme qui parle des hommes, ou bien une femme qui parle des hommes, alors elle s’en va « à la recherche de la voix de filles de l’humanité », précisément dans les chapitres qui constituent « la Barbe à Pleyel et autres rendez-vous ». En ce sens donc, ce n’est pas tant un seul personnage qui évolue que la structure même de la causerie qui, sous l’action trublionne de La Barbe et de ses « filles trolls », se lézarde.